« j'veux taper fort, jusqu'à briser les os. laissez-moi le buter jusqu'à ce qu'il s'écroule à terre et qu'il ne puisse plus se relever »I 'm on your hands. Then squeeze me with all your strengthEn soi, cette journée avait bien commencé. Gabriel avait tout fait comme d'habitude depuis qu'il avait atterri ici, dans ce monde où on l'avait réveiller. En se débarbouillant dans la vitre de sa salle de bain, il s'était un instant observé avant de détourner le regard en fronçant les sourcils. Malheureusement, il ne se souvenait plus de ce qu'il avait été avant de finir brûlé. Il se souvient simplement de sa chevelure blonde, comme celle de sa sœur, tout comme les yeux bleus grisant. Et puis il se demandait ce qu'il était advenu de sa sœur. Ses parents avaient-ils assisté à son enterrement ? Il ne se souvenait même plus de ce à quoi ressemblaient ses parents. Tout était devenu flou, sauf le visage de sa sœur qui était encore bien ancré dans ses souvenirs récents. Lui était mort de toute façon, elle vivrait avec ça et il l’attendra. Si il n'y avait pas une seconde mort pour lui.
Il quittait son appartement pour quelques courses avant d'aller travailler. Depuis qu'il était là, il avait repris une 'vie' plus ou moins correcte. Comme si cela ne le dérangeait pas d'être mort, au moins on lui foutait la paix. Presque. Il se moquait bien d'être enterré ou incinéré. Élise aurait bien trouver comment il aurait voulu finir. Après tout, il avait trépasser, alors bon, c'était une question moins existentielle à présent. Ici, il avait tout repris là où il s'était arrêté grâce à l'appui de sa sœur, le travail qu'il avait pris lui permettait de ne pas oublier son visage et de continuer comme si sa vie n'avait jamais été stoppé. Quel bordel. Il ne palpite même plus, alors pourquoi ? Bonne question. Gabriel ne s'est jamais vraiment attaché à qui que ce soit et ce ne sera certainement pas demain la veille que l'on pourra compté sur un changement à ce niveau de sa part.
Pourtant insaisissable. Rien ne montre qui il est, rien ne le prouve exactement. Il se cache derrière tant de barrières qu'on n'ose à peine imaginer ce qui ce trame derrière. Grillages en titane fermés à doubles, triples tours même. Être violent pour compenser un manque en lui, qui s'ébrèche à chaque coups donnés, à chaque violences verbales ou physiques qu'il encaisse. Il s'enferme, s'isole et préfère encore vivre comme cela plutôt qu'à nouveau tout déraille. Il se sent fautif. Il se sent maudit.
Il secoue le shaker devant le client qui vient de lui demander un cocktail serré. Il pense l'espace d'un instant, tout en secouant le shaker que le client a eu une mauvaise journée. Il ne montre rien d'apparence, ce cher Gabriel, il le regarde froidement, tout en prenant à cœur son travail. Il verse finalement le breuvage dans le verre de l'homme en face de lui, et retourne s'occuper des autres clients.
Normalement, ce devait être un jour comme un autre. Mais non. Le blond aux yeux perçants se serait retrouver dans une situation cocasse ? Pas du tout, non. Comment se faisait-il qu'il était là, en train de tabasser un mec lambda dans cette ruelle, entouré de gars qui hurlaient « mets-le à terre ! » en secouant des billets ? Ici, les gens devaient avoir moins de morale, plutôt axés sur leurs 'instincts'. Le mec lambda en question l'avait agressé. Chose normale, il s'était défendu. Il s'en battait les steaks si il se faisait prendre, au moins il se vengeait et bien correctement, car même à terre, il frappait le pauvre type taillé dans un bâton de sucette... Autant dire qu'il ne faisait pas le poids face à Gabriel qui avait mené sa vie dans les rues. Et piqué d'une méchante crise de colère, il n'avait plus qu'une seule idée en tête : venir à bout de cette sous-crasse qui se tortillait dans tous les sens sur le sol. Les cris de motivations avaient alerter les autorités, bien évidemment. Ils partaient tous comme des rats quittant le navire qui dérive, tandis que, haletant, Gabriel se retournait sur celui qui venait de débarquer derrière-lui.
Don't be so rude #GabrielDepuis qu’il avait commencé à travailler, et ce il y a bien quelques années, il avait tiré un trait sur ses huit heures de sommeil. Même si ce n’était pas tous les jours qu’il devait rester plus tard, il lui arrivait de devoir faire des heures supplémentaires. Bien souvent, les problèmes naissaient dès le coucher du soleil. Ou en tout cas, ils se multipliaient. A croire que la pénombre les aidait à se lâcher. Peut-être parce qu’on pouvait moins les reconnaître. Mais s’ils pouvaient laisser les gens dormir à leur guise, ce ne serait pas mal non plus. Il fallait qu’il soit en forme quand même pour le lendemain. Pour recommencer un jour nouveau. Pour pouvoir être au meilleur de sa forme aussi. Il fallait dire qu’il était plus du matin. Le soir, il était toujours d’autant plus fatigué, pas de mauvaise humeur, mais il devenait légèrement plus silencieux. Ce qui arrangeait quand même pas mal de monde.
Malheureusement, ce serait pas encore aujourd’hui qu’il rentrerait assez tôt et qu’il pourrait se poser tranquillement dans son canapé, en train de manger ses nouilles instantanées, par flemme de faire autre chose. Enfin. Il n’avait plus fait les courses non plus depuis quelques jours. Cela attendrait encore un peu. Au pire, il commanderait, c’était tout aussi bien. Tant que toute sa paye ne filait pas dedans, tout irait bien.
Mais l’heure n’était pas à penser à sa paye. Car s’il la voulait, il ferait bien de se bouger un peu. Et même tout de suite. On venait de l’appeler. Pour lui filer une mission, la dernière apparemment de la soirée. Pour lui. Après il pourrait se retirer. Mais il fallait encore qu’il règle cette affaire. Une bagarre apparemment. Il n’avait pas très bien compris. A vrai dire, c’était un peu flou, ils avaient reçu une plainte, leur disant qu’il y avait visiblement une bagarre qui avait éclaté, provoquant pas mal de boucan. Heureusement, la personne ayant déposé la plainte ne s’en était pas mêlé et avait eu le bon réflexe.
Enfin. Il avait pris au passage un de ses collègues, afin de pouvoir mieux gérer la situation. On ne savait pas exactement combien ils étaient. Et il valait mieux ne pas être seul dans ces cas-là. Puis il n’allait pas cracher dessus. Ça lui éviterait de devoir conduire. Il n’aimait pas ces voitures, trop petites à son goût. Il n’avait pas assez de place pour ses jambes. Soit. Il n’aurait pas à trop s’en soucier maintenant, et puis le chemin n’était pas non plus extrêmement long.
Encore heureux, il avait déjà failli s’endormir sur ce petit trajet. Mais il retrouva vite l’air frais, qui le requinqua légèrement. Et il eut le temps d’entendre du bruit, peu commun, qui attira son attention. Il ne lui fallut pas tellement de temps avant d’atteindre l’endroit voulu. Avant même son collègue. Il aurait pu l’attendre. Mais travailler équipe n’était pas réellement son fort.
Mais il n’eut pas vraiment le temps de se poser trop de questions. Tout simplement parce que l’une des personnes impliquées dans l’altercation, celle qui avait le dessus visiblement se retourna vers lui, haletant. Bon au moins il n’était pas au meilleur de sa forme heureusement. C’est qu’il avait pas mal l’air baraqué. Et plus grand que la normale aussi. Malgré le ton emprunté par son nouvel interlocuteur, Earl se décida à ne pas faire de pas en arrière ou quoique ce soit. Il était inutile de montrer un quelconque signe de faiblesse dans ces moments-là. Au contraire. Il se redressa légèrement, le regardant dans les yeux, se décidant tout d’abord à utiliser la parole, étant donné qu’il avait engagé la conversation. Autant ne pas prôner la violence tant que lui ne le faisait pas non plus. Même s’il finirait de toute manière au poste.
« ▬ Effectivement. Mais si vous le voulez bien, il vaudrait mieux changer d’endroit pour y mettre tout au clair. »
Des bruits de pas légèrement précipités lui signalèrent la venue tardive de son homologue. Il était temps. Mais le faux blond ne prit pas la peine de se tourner vers lui. Inutile de donner l’occasion à son interlocuteur potentiellement dangereux de le frapper à son tour ou quoique ce soit d’autres. Après tout, même s’il était son subordonné, il avait été formé. Et il ne tarda pas à entrer dans son champ de vision, allant directement voir l’état de l’autre bagarreur, qui était déjà à terre, tout en lançant de temps à autres des coups d’œil vers eux.
« j'veux taper fort, jusqu'à briser les os. laissez-moi le buter jusqu'à ce qu'il s'écroule à terre et qu'il ne puisse plus se relever »I 'm on your hands. Then squeeze me with all your strengthAinsi étaient-ils deux. Au moins, ils n'étaient pas à dix pour le retenir, car il avait déjà bien donner au mec à terre. Autant dire clairement qu'il avait prit cher. Le plus grand parlait, et il ne fallait pas être un génie pour constater qu'il était le supérieur. Malgré qu'il tait taillé lui-même sur un bâton de sucette, ce serait bien facile de lui en torcher une aussi, mais il y avait l'autre qui vérifiait si la victime allait bien. Il s'était au moins un peu, et j'insiste, un peu calmé. Où ça ? C'était un sketch en fait ? Ne pas le prendre pour un con, il n'ira nul part.
« Au poste ? Non, merci. Foutez-moi la paix, j'en ai rien à foutre. »
Maintes fois avait-il été en cellule pour son comportement impulsif. Il avait bien frapper la dernière fois, en ayant malgré tout cinq ou dix agents sur lui. Là, il fallait avouer qu'il n'était pas trop en pleine forme pour en supporter autant, alors deux agents, il pourrait très bien se débattre. Et donner des coups, au passage. Juste ''sans faire exprès''. L'autre à terre n'avait pas à l'emmerder, c'est tout. E encore, là, il était soft dans ses paroles. Comparé à d'habitude, il était vachement vulgaire lorsqu'il piquait ses colères. Seulement, fallait juste pas le faire chier, c'est tout. Pourquoi venir l'agresser honnêtement ? Ce n'était pas parce qu'il avait des airs de bagarreur qu'il fallait venir l'agresser juste par envie de déguster de l'adrénaline pure. Après ils finissaient tous défoncés en se tortillant sur le sol, le nez pété. Autant dans ces moments-là, ne pas trop l'emmerder avec les poulets.
Il avait la dalle. Lui, après ça, il avait juste envie de rentrer pour manger. Il avait tout pris pour se faire un bon repas et il était bien capable d'envoyer péter ces deux cuisses Kentucky Fry Chicken. Dans sa tête, ce n'était aucunement lui le fautif, alors même si il fallait prendre sa déposition, il rentrerait quand même chez lui. Faut pas trop jouer avec la bouffe pour Gabriel. C'est sacré.
Il passe sur ses lèvres d'un revers de manche, essuyant un peu de sang. Pf', et dire qu'il va devoir rattraper ces tâches de sang sur son sweat à capuche. Heureusement, il avait des astuces pour récupérer le sang. Non mais sérieusement. Et puis, Gabriel, se rendre docilement ? Même pas en rêve. Il avait vécu pire, vraiment pire que faire face à deux policiers qui le traîneraient de force au poste.
« Il n'avait pas à venir chercher plus fort que lui. »
Don't be so rude #GabrielBon. C’était tout sauf gagné visiblement. Génial. Lui qui espérait rentrer assez tôt, c’était plutôt raté. A moins que l’autre ne change subitement d’avis. Mais cela n’avait pas l’air d’être le cas. Enfin, l’habit ne fait pas le moine, avec énormément de chance, il était bipolaire et indécis. Et deviendrait une personne toute sympathique les suivant avec plaisir. Qu’est-ce qu’il était drôle. Il ferait mieux de changer de métier et devenir humoriste tiens. Mais il ne pouvait pas déposer sa démission de suite. Ce serait trop facile. Et ce n’était pas vraiment son genre. Puis pour une raison qui lui échappait, son interlocuteur semblait se donner des excuses. Ce n’était pas ça qui allait l’aider à se sortir de cette situation. Mais ceci dit, il semblait continuer de rester calme, s’en tenant aux mots. Froid peut-être, mais c’était toujours mieux que d’y mettre les poings.
Sans trop se creuser la cervelle, on pouvait facilement deviner que son interlocuteur était un colérique. Ils faisaient fort ces derniers-temps ceux-là. Encore heureux que son binôme n’en était pas un. Parce qu’à force, il serait capable de ne plus savoir les sacquer. Ceci dit, ce n’était pas non plus comme si il appréciait de base énormément de monde. Il ne cherchait pas à apprécier qui que ce soit.
« ▬ Ce ne sera pas très long, juste le temps de poser quelques questions et de remplir un formulaire. Vous êtes chanceux en plus, à cette heure-ci, il n’y a plus personne, vous ne devrez même pas attendre. »
Il finit enfin par lâcher son sourire habituel. Bien, il commençait à reprendre légèrement du poil de la bête. Encore un peu plus de temps et il arriverait comme à son habitude à ré-adopter son sarcasme habituel. En attendant, il fallait réussir à faire bouger l’homme qui était en face de lui. Homme duquel il détourna son attention durant quelques secondes, la portant sur son collègue et le deuxième inconnu, histoire de voir si son état n’était pas trop grave. Mais malgré le sang, il bougeait encore et avait encore conscience. Ceci dit, vu que son subordonné s’apprêtait à passer un appel, il ne serait pas étonné de voir les secours arriver d’un moment à l’autre.
« ▬ Votre carrosse est même avancé. D’ici un quart d’heure vous serez probablement en train de revenir chez vous. »
Autant utiliser le conditionnel, rien n’était certain. Il pouvait tout aussi bien passer la nuit en cellule s’il ne coopérait pas, ou s’il s’avérait qu’il avait été à de nombreuses fois impliqué dans ce genre de bagarre. Mais il n’avait pas l’air d’être le chef de tout ça. Il avait peut-être été entraîné par quelqu’un, appâté par quelque chose. Peut-être par plaisir, mais Earl n’y croyait pas tellement. Ou en tout cas, ce serait nettement moins intéressant. Il aimait bien les histoires compliquées, ça l’occupait beaucoup plus. C’était plus distrayant. Même s’il se refusait de croire que toutes les autres personnes avaient un caractère complexe et intéressant. Il était le seul à avoir quoique ce soit d’intéressant après tout. Très intéressant en tout cas.
« ne me fais pas la blague de vouloir me stopper, car tout ce qui arrivera, ce s'ra de te heurter à un mur »'Cause when the sun goes down, the beast comes outMais, ils étaient bouchés ? À son avis, ils étaient morts sourds ceux-là. Surtout la grande asperge devant lui. Il penchait la tête sur le côté, n'ayant toujours pas bougé. Ses yeux perçants fixant ceux de celui qui se tenait debout. Il n'avait pas le temps de jouer, il en avait rien à faire de devoir les suivre, il avait faim, bordel. Alors soit il les suivait bien sagement, soit, il continuait sa route sans se faire chier et préparer son repas. Bon, quelque part, il venait de dire que il n'y avait personne pour passer avant lui. Cela pourrait l'arranger.
« J'ai pas envie de perdre mon temps avec vous, j'ai autre chose à faire. »
Et si pour ça, il fallait qu'il se fasse arrêter de force, il s'en foutait comme l'an quarante, son problème urgent de manger se faisait sentir. Lui qui avait toujours eu du mal à se nourrir au début de sa vie dans la rue, il avait appris à se faire assez d'argent pour finalement apprécier de nouveau les joies de sa ''bourgeoisie'' passée. Chose assez surprenante d'ailleurs. Il avait toujours gardé ça, peut-être car sa sœur elle-même aimait cela aussi et tous les soirs préparait quelque chose avec l'amour dont elle avait toujours fait preuve dans leur enfance. Un geste qu'il réitérait, pas avec beaucoup d'amour, mais pour ne jamais oublier son visage. Ceux de ses parents avaient eux, disparus depuis bien longtemps. Il ne les reconnaîtrait plus du tout si il les revoyait à l'instant.
Gabriel avait encore quelque chose qu'il ressentait pour sa sœur encore vivante. Personne d'autre. Même pas Liv qui était certainement quelque part ici. Il n'en avait plus rien à foutre, son cœur avait été démoli et même si elle était atteinte de démence, il avait la haine. Il la nierait, c'était sûr à cent pour-cent. Cette journée avait pourtant bien commencé. À présent, il était en train de se remémorer certaines blessures qui faisaient grimper d'un coup ses nerfs. Il serrait les poings, ses yeux se plissant au fur et à mesure.
Un quart d'heure ? Pour qui se prenait ce flic qui pensait qu'il allait avoir à faire à un être docile et gentil ? Non merci, il n'était pas très fluffy comme mec, très peu pour lui. Il se tournait vers l'autre qui gémissait à terre. Petite nature va. Il se tournait, pour commencer à marcher, ses mains venant dans ses poches.
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Sujet: the beast and the harmful ✘ earl ❤ 
