Ce n'est pas si simple quand on vit dans une famille respectable. Entre un père businessman et une mère dans le milieu de la mode. Entre l'éducation stricte et l'envie de vivre une vie de gosse toute simple. Gabriel vous dira qu'il n'y a rien de pire que d'être enchaîné à un boulet à la cheville qui empêche d'avancer.


Donc, le protagoniste est né dans une famille comme ça, droite et carrée où fallait pas trop péter de travers. En soi, il n'est pas tout seul, puisqu’il a une sœur aînée de sept ans de plus que lui. Bon, faut pas non plus le cacher, les deux gamins font la fierté des parents, il n'y a rien à dire. Dès son plus jeune âge, Gabriel s'est montré docile et aimant,un enfant calme, peut-être un peu rêveur. Cependant, dans son regard, on pouvait facilement trouver cette petite pointe de mélancolie. Le garçon de sept ans dégageait quelque chose de mélancolique, triste. Ses regards pourtant aimants n'étaient pas aussi lumineux que ceux de sa sœur.Les têtes blondes aux yeux bleus avaient une grosse différence. Il y avait un certain contraste entre les deux enfants. Élise dégageait l'amour, la bienveillance. Gabriel lui, dégageait la mélancolie, la tristesse. Ils étaient si différents qu'on voyait en eux la lumière et l'ombre. Elle était très populaire,il était solitaire. Gabriel n'était déjà pas un garçon très sociable, ni même tactile. Le gamin de neuf ans se complaisait dans ses bouquins, tandis que l'adolescente appréciait particulièrement se projeter en avant, pour se dévoiler. Ce fossé entre eux s'était un peu plus ébrécher démolissant ce qui restait probablement d'une fraternité instable, fragilisée par l'écart d'âge. Leurs échanges étaient plus que formels, il n'y avait plus rien de sentimental. C'était sa sœur, mais ce n'était ni plus, ni moins.

L'enfant calme qu'il était voulait faire quelque chose de ses dix doigts, désireux d'apprendre quelque chose. Et sa mère lui enseigna donc le piano, instrument duquel la tête blonde s'éprit des mélodies et des notes. Pendant plusieurs années Gabriel se perfectionnait, seul moment où il pouvait simplement laisser son imagination déborder. Étant un enfant de bonne famille, il n'avait pas réellement le droit de faire n'importe quoi au risque de ternir la réputation de la famille. Déjà que la sœur ne faisait pas grand chose à part vivre aux bras d'hommes riches, si le garçon commençait à faire n’importe quoi, cela allait ruiner ses parents. Et ça, Gabriel ne le voulait pas. Le garçon avait trop d’amour et d'estime envers ses parents qu'il était hors de question de rigoler avec ça. Aujourd'hui, il en éclaterait de rire.  

Peu à peu, le garçon comprit qu'être enchaîné n'était pas fait pour lui. La rébellion s'éveillait en lui lorsqu'une première nuit, il décidait de sortir avec des camarades de chambre, goûtant ainsi aux joies des gosses de riches un peu trop prétentieux. Cependant, cette nuit-là, le garçon s'est trouvé une occupation très différente de ses camarades occupés à batifoler avec des substances illicites qui les transformait en légumes dans le canapé de la boîte de nuit. Lui, il observait les effets étranges qui influençaient ses camarades, prenant note dans le coin de sa mémoire. Gabriel était promis à une belle carrière de médecin, qu'il laissait tomber pour errer dans les rues avec des personnes peu fréquentables. Autant dire que cette situation n'avait pas plu à ses parents était peu dire. En réalité, une grosse dispute avait éclaté, laissant les cris de colère et les pleurs de tristesse envahir la maison. Renié, Gabriel n'eut plus jamais de nouvelles de ses parents.  

Le jeune-homme de vingt ans trouvait des petits boulots à des coins de rue, en dealant, en devenant homme de main de temps en temps, en apprenant de lui-même les dures lois de la rue. Il avait appris à se débrouiller et se défendre seul contre tous. Mais durant l'année suivante, le jeune homme rencontrait une jolie brune de laquelle il tombait amoureux. Liv et Gabriel emménagèrent ensemble, dans un petit appartement. Après quelques années, Gabriel s'aperçut que Liv n'était pas bien et que plus rien ne tournait rond chez elle. Cependant,il n'en fit pas plus attention, jusqu'à un soir où la jeune femme,prise d'une crise de démence, mettait le feu à l'appartement. Gabriel perdit ce soir-là son amour dans les flammes. Retrouvé à moitié brûlé dans la rue, avachit sur le bitume humide, il fut emporté à l'hôpital.  

Contre toute attente, ce fut sa sœur qui vint le voir dans son lit. Ils se dévisagèrent un instant qui parut durer une éternité avant qu'elle ne fonde en larmes en voyant son frère, une partie de son corps brûlé au troisième degré. Elle venait l'aider, lui parler,lui apporter ce dont il avait besoin. Mais lui, il était incapable de démontrer ne fut-ce que de la sympathie. Il la remerciait évidemment, mais ce n'était pas plus démonstratif. Élise avait l'air d'en avoir cure, continuant de lui venir en aide. Se sentait-elle coupable de l'avoir délaisser ? Gabriel se le demandait.  

Il vécut avec elle, dans son appartement trop grand à son goût, pénétrant dans la vie de sa sœur déjà mariée. Elle l'avait accueillie, elle lui démontrait combien elle l'aimait. Peut-être que le jeune-homme de vingt-quatre ans retrouvait enfin foi en la famille. Mais il n'en s'en rendra jamais compte réellement. Un jour qu'il rentrait de son travail de barman, après avoir repris une vie plus ou moins correcte deux ans plus tard, il fut embarqué dans un règlement de compte qui ne lui était pas destiné. Voulant protéger des innocents, il se prit une balle perdue, perforant son cœur. Il ne pouvait éviter l'inévitable, la perforation causant une hémorragie. La mort était là, en moins de cinq minutes. 

Ses yeux se rouvrirent dans une ville qui n'était pas la sienne. Un peu paumé au départ, le jeune-homme fini par s'habituer quelque peu, doucement à cette vie de mort. Il reprit son chemin parmi le monde dans lequel il devait à présent vivre, comme étant barman. peut-être était-ce l une opportunité de reprendre tout à zéro... ?